Lâcher prise pour trouver le bonheur : l’histoire de l’archéologue qui avait passé sa vie à chercher un mystérieux temple antique

Lâcher prise pour trouver le bonheur : l’histoire de l’archéologue qui avait passé sa vie à chercher un mystérieux temple antique

Extrait du livre de Guy FINLEY “Lâcher Prise” aux Editions Pocket Evolution

Il était une fois un archéologue qui avait passé sa vie à chercher un très mystérieux temple antique. De génération en génération, les chercheurs propageaient une légende selon laquelle ce temps recelait dans ses salles d’inestimables richesses. Cependant, nul n’avait encore découvert le temple merveilleux et ses trésors secrets. Voilà pourquoi, en apercevant la petite ouverture sombre, à moitié enterrée, qui perçait le flanc d’une colline en pleine forêt vierge, l’archéologue savait devoir freiner la folie de son imagination.

Mais le temple se trouvait bel et bien là, il en était sûr. Tout, en lui, le lui disait. Des années et des années de recherches l’avaient conduit en ce lieu précis.

En peu de temps, l’archéologue avait suffisamment élargi la brèche embroussaillée pour pouvoir ramper à l’intérieur. Quand il se redressa, son sang ne fit qu’un tour. Dans la faible lueur d’une lampe au kérosène, il vit devant lui un large tunnel grossièrement creusé que supportaient des poutres mal équarries. De toute évidence, quelqu’un d’autre l’avait précédé. Des questions se bousculaient dans sa tête : de qui pouvait-il bien s’agir ? Pourquoi n’avait-il jamais eu vent de cette découverte ? Le temple avait-il été pillé ? Se pouvait-il qu’il se soit trompé d’endroit ? Mais son acuité visuelle vint à son secours : le tunnel s’arrêtait brusquement. Les secrets du temple étaient peut être toujours intacts ! Une inspection prudente et minutieuse montra que plusieurs salles de chaque côté du tunnel n’avaient été que partiellement excavées. Que s’était-il passé ? Pourquoi les travaux avaient-ils été abandonnés ?

Il trouva la réponse à sa question quelques instants plus tard, en s’appuyant légèrement contre une des poutres de soutènement. Il entendit un craquement qui libéra un nuage de poussière et de petits cailloux. Il se précipita d’un bond vers la sortie en espérant y parvenir avant d’être enterrée vivant, en vain. A sa grande surprise, ce fut sans importance. L’effondrement craint ne se produisit pas. Il se mit à rire. Voilà la raison pour laquelle le temple avait survécu avec tous ses trésors intacts. Au cours des siècles, ses salles s’étaient remplies de terre tropicale, de végétaux en décomposition et de pierre friable, trop instables pour qu’on puisse les déblayer sans risque. Le trésor était sûrement toujours là; il suffisait de se débrouiller pour l’atteindre. En dépit du danger, il prit donc la résolution de poursuivre sa quête et d’excaver le site à l’abandon depuis si longtemps.

Tout au long des mois et des années qui suivirent, l’archéologue travailla seul et en secret. Au mieux il avançait à pas de tortue. Sa mince percée quotidienne devait être soutenue par une poutraison toujours plus imposante. A son étonnement croissant, il passait de plus en plus de temps à maintenir les poutres en place. Leur craquement et leur affaissement incontrôlables ne laissaient pas de répit. Même la nuit, à l’extérieur, en sécurité près de son feu de camp, il entendait gémir les poutres.

Par dessus tout, l’archéologue était fatigué comme s’il avait transporté toute la montagne sur ses épaules. Et c’était vrai, en quelque sorte, puisqu’il avait presque entièrement débarrassé toutes les salles des racines, des pierres et de la terre qui les encombraient. Aucun trésor ne s’y trouvait : que des racines, des pierres et de la terre. Il commença à perdre espoir.

C’est tard le lendemain, juste avant de mettre fin à sa journée d’excavation, que tout commença. AU début l’archéologue ne s’en formalisa pas. Il avait été témoin de cela au moins une centaine de fois. Une section de la poutraison, au beau milieu du site, menaçait de s’affaisser. Il y courut, pour en empêcher l’effondrement, et tandis qu’il se tenait là, arc-bouté entre la paroi de terre et les piliers de soutènement, il sut que ce qui se passait échappé à son contrôle. Il le savait car il l’entendait. Les gémissements des poutres au dessus de sa tête ne s’estompaient pas. En fait, comme les harmoniques d’une immense harpe antique, l’une après l’autre les poutres du tunnel se mirent à vibrer et à résonner. Il lui sembla que la pression accumulée au dessus d’elles depuis mille ans allait éclater.

A mesure que la vibration s’accentuait, l’archéologue courut d’un jeu de piliers à l’autre et tenta d’y mettre fin en étayant la poutraison avec son corps. En vain ! L’accumulation de terre, de poussière l’empêchait de respirer et même de voir. Dans son désespoir croissant, et devant les rares choix qui lui étaient offerts, il se précipita en aveugle vers le couloir principal. Pour éviter l’effondrement total, il devrait faire en sorte que cette réaction en chaîne ne rejoigne pas le piliers du centre. Rassemblant ce qu’il savait être ses dernières forces, il projeta tout son poids contre une des poutres principales, juste au moment où celle-ci allait s’effondrer. Pour le moment, tout tenait.